Heidi Quante et Alicia Escott, les deux artistes californiennes à l’origine du « Bureau of Linguistical Reality », se sont un jour rendu compte « qu’il n’existait pas de mots pour décrire certaines de leurs émotions, leurs idées ou certaines situations qu’elles vivaient » et que de nombreuses autres personnes partageaient ce sentiment. Avant elles, le chimiste Paul Crutzen, prix Nobel en 1995, a par exemple créé le néologisme « anthropocène » pour décrire cette nouvelle époque géologique qui a débuté avec la révolution industrielle. L’anthropocène est la période où, pour la première fois, l’Homme a un impact significatif sur l’écosystème terrestre.
Le très officieux « Bureau » est une œuvre d’art participative qui se donne pour objectif d’aider tous ceux qui le souhaitent à créer les néologismes qui rempliront ces espaces vacants du langage. Mis à part l’aspect ludique qui consiste à inventer de nouveaux idiomes, il s’agit surtout, avec ces nouveaux mots, de nous « aider à mieux appréhender notre environnement alors que celui-ci change drastiquement depuis quelques années, notamment sous l’influence du changement climatique ».
« Pointer un phénomène particulier avec un mot, c’est conceptualiser ce phénomène et lui donner corps. C’est permettre aux gens de pouvoir en parler avec précision et d’échanger à ce propos », confirme Alicia Escott. Avec un grand sourire, celle-ci nous glisse qu’un de leurs objectifs est de « trouver un mot qui permettrait d’unir le concept de nature avec celui d’humanité » avant la fin de la COP21.
Cependant, Alicia tient à préciser que les membres du Bureau of Linguistical Reality « ne sont pas des linguistes, mais bien des artistes qui donnent aux gens un espace de création. » Alicia et Heidi présenteront une performance à la Gaité Lyrique le 10 décembre prochain.
Pierre Laurent