Vendredi 5 février, 30 élèves de la classe de CM2 de l’école bordelaise Albert Barraud nous attendaient de pied ferme pour 2h d’ « Intervention COP21 ». Du pessimisme à l’action, une matinée d’apprentissage tant pour les enfants que pour les intervenantes !
Quand Eve Demange, romancière passionnée de « Storytelling et Ecologie » me propose d’intervenir avec elle dans la classe de son fils, en CM2, pour parler COP21 mais surtout des solutions à mettre en place pour demain, c’est sans hésiter que j’accepte.
Merci aux enfants pour leur curiosité, leur inventivité et à Madame Christelle Rodriguez, l’institutrice qui nous a accueillies, pour sa confiance et son enthousiasme !
Les étapes de l’expérience
- Présentation – des intervenantes, de Place to B.
- Le contexte : la COP21. Explications et questions / réponses.
- Vidéo de Data Gueule – Le changement (climatique) c’est maintenant.
- Présentation du livre Le changement climatique expliqué aux grenouilles (et autres batraciens), fable reprise par l’illustrateur, Camille Bissuel.
- Identification des différentes sources d’émission G.E.S (Gaz à effet de serre). Le contenu provient d’une vidéo Le Monde.
6. Réflexion collective autour des alternatives possibles pour remplacer les sources d’émissions de G.E.S identifiées (cf. photo des suggestions).
7. Lancement de l’atelier « Imagine une journée idéale et qui respecte la planète en 2050 (dessin, histoire, BD…) » – par groupes de 4-5 enfants, pendant une vingtaine de minutes.
8. Restitution : les élèves présenteront leurs travaux à la classe la semaine suivante.
Une évolution intéressante dans les échanges
Du catastrophisme…
À de multiples reprises, nous avons été stupéfaites du pessimisme exprimé par les enfants. Des « on va tous mourir », ponctués même par « dans d’atroces souffrances », « la fin du monde »…bref, face à la notion de climat, les enfants sont souvent anxieux et défaitistes. Résultante d’une communication trop culpabilisante ? Catastrophisme lorsqu’on aborde les thématiques ? Absence de compréhension et de communication auprès des jeunes ? Devant tant de négativité, l’urgence de changer de récit nous est apparue encore plus forte !
… comprendre les causes pour mieux s’adapter…
Véritable enjeu auquel nous avons du faire face : expliquer des phénomènes complexes, impalpables, abstraits à un public jeune, n’ayant que peu de connaissances des phénomènes scientifiques. Un sacré défi !
Il a donc fallu adapter notre vocabulaire tout d’abord. Nous nous sommes alors rendu compte que nous-mêmes, adoptions des jargons « transition », « réchauffement climatique », « COP21 », « émissions de gaz à effet de serre »… des termes abstraits et complexes. Alors comment expliquer des concepts déjà compliqués pour nous, adultes, qui nous cachons derrière ces mots, ces notions « fourre-tout ». Cela fait écho au débat autour de la notion de « développement durable » (relisez cet excellent article à ce sujet !).
Raconter le changement grâce aux images du quotidien, de la maison, des animaux, de l’école, des copains… nous avons dû recourir à un imaginaire partagé par l’ensemble du groupe pour être compréhensible par tous.
Les supports ont aussi été très utiles : DATA Gueule pour « débroussailler » le sujet, la BD de Camille Bissuel pour parler de la COP21 et les supports du Monde pour la partie « identification des causes ».
…aux solutions proposées
Les voies d’amélioration exprimée par les enfants étaient clairement inspirée par 2 sources :
> l’univers fantastique : il se dégage un imaginaire fort inspiré par des films (Star Wars), BD, dessins animés. Le résultat, des propositions technologiques (la téléportation, l’innovation pour remplacer les ressources…).
> l’éducation, les parents : « mon papa m’a dit… » qui révèle principalement des découvertes marquantes (algues, solaires, éoliennes…).
Quelques (bonnes !) idées (liste non exhaustive) :
- maisons végétales avec des murs alimentés en eau grâce à la récupération de l’eau de pluie,
- portables qui marchent à la lumière « IPhone 53S » – et qui sortiront pour la COP53 au prix de 1400€ – quand même !
- maisons connectées en partage d’énergie grâce au web,
- des éoliennes de toit,
- des bulles alimentées par l’énergie solaire pour jouer à des jeux vidéos,
- des robots pour trier les déchets,
- des propulseurs solaires avec vestes wingsuit pour aller à l’école.
Axes d’améliorations :
- la posture dans le groupe
La difficulté de l’expérience « Imagine 2050 » ne résidait pas en l’exercice lui-même mais dans la mise en place d’une volonté commune. En effet, comme les politiciens réunis en décembre pour la COP21, nos chérubins ont eu toutes les peines à être à l’écoute de l’autre, à quitter la posture du « moi je » au profit du « nous » et de l’intérêt commun. L’égo et la position individuelle vis-à vis de l’autre furent un frein évident à l’avancée de certains projet. Ce sont dans certains groupes aux membres hétérogènes (très bons élèves vs élèves en difficulté) que le phénomène fut le plus fort : entre « fais pas ta chef, ta commandante » et « de toute façon toi, tu ne sais pas » la communication a été vraiment très délicate, l’écoute de l’autre étant freinée par la peine éprouvée par le sentiment d’incompréhension ou l’autorité exprimée.
piste d’amélioration : travailler sur le « nous » grâce aux différentes méthodes de co-optation (SPIRAL, Université du Nous…). Concrètement, remplacer le « moi, je… » par « on pourrait… »
Bilan
Les enfants sont passés du pessimisme à la joie d’imaginer. Ils étaient très soucieux de savoir, souvent mal informés et bourrés d’énergie créative. Et ils étaient ravis à la fin.
L’atelier les a fait passer du mode passif-anxieux-fataliste à créatif, inventif et confiant dans les capacités à trouver des solutions.
En bref, comme l’a justement remarqué Eve : « il faudrait reproduire l’expérience dans toutes les écoles de France. Il y a vraiment urgence à informer les nouvelles générations ! »
N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences similaires auprès des enfants !
Sur le même thème
- ENVOYONS LES MESSAGES DES ENFANTS AUX CHEFS D’ÉTAT !
- LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE EXPLIQUÉ AUX ENFANTS
- “LA TERRE EST BLEUE” LÉOPOLDINE, ÉLÈVE DE CM2, ÉCRIT LA BEAUTÉ D’UN MONDE QU’IL FAUT SAUVER