Le 12 avril dernier, le sommet Désertif’Actions 2017 de Strasbourg se dévoilait à la presse. Nous y étions et nous allons vous en dire plus sur ce rendez-vous international consacré à la dégradation des terres et au changement climatique dans les territoires.
Nous étions au Sénat pour rencontrer Ronan Dantec, Sénateur de Loire Atlantique et Président de l’association Climate Chance, Roland Ries, maire de Strasbourg, Patrice Burger, fondateur du CARI, Boubacar Cissé, Coordinateur régional UNCCD pour l’Afrique, et en apprendre plus sur ce futur sommet.
Désertif’Actions : un rendez-vous thématique
Pour sa deuxième édition, Désertif’Actions se tiendra les 27 et 28 juin 2017 à Strasbourg, capitale européenne. Il rassemblera plusieurs centaines d’acteurs non-étatiques des territoires engagés contre la dégradation des terres et le réchauffement. Le sommet vise à mobiliser pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique à l’échelle locale. Il s’agira également de faire le point sur les objectifs de développement durable et en particulier la cible 15.3 d’un monde neutre en matière de dégradation des terres.
L’association Climate Chance s’engage dans l’organisation de Désertif’actions. En effet, cet événement suit l’exemple des sommets du même nom. Il vise à être un moment fort pour les acteurs non étatiques avant la COP13 qui se tiendra à Ordos, en Chine, en septembre prochain.
L’UNCCD, kezako ?
Pour ceux qui s’étonnent qu’on parle ici d’une COP13 et non pas 23, il faut revenir en 1992. Au Sommet de la Terre qui s’est tenu à Rio de Janeiro. Celui-ci a débouché sur la création de trois conventions distinctes. Une sur le climat, une sur la biodiversité et une sur la désertification. Pour chacune, des COP sont organisées. Si la convention climat verra la COP23 se tenir en novembre à Bonn en Allemagne, la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) va connaître pour sa part une COP13.
L’objectif de cette convention est la mise en valeur des terres par la prévention et la réhabilitation. Le parallèle est donc facile avec la lutte contre le changement climatique et les objectifs de mitigation ou d’adaptation. Pour cette convention également, il est prévu que la mise en œuvre passe par des partenariats à plusieurs niveaux, entre structures étatiques ou non étatiques. Les COP intègrent déjà des forums de la société civile qui pèsent sur les débats et les décisions prises. Car ils permettent notamment de faire remonter plus efficacement la réalité du terrain et les volontés des populations affectées.
Dégradation et désertification
Pour rappel, les sols sont, avec les océans, les seules capacités de stockage excédentaire des gaz à effet de serre. Il y en a autant dans les 30 premiers centimètres sous nos pieds que dans toute l’atmosphère ! Si un sol avec une forêt peut absorber 300 millimètres d’eau, une pâture n’en absorbe plus que 100 et un champ de soja seulement 30. Dégradation des sols est donc synonyme de réchauffement, de catastrophes et d’inondations et plus fréquentes. On peut citer l’Initiative 4 pour 1000 qui vise à changer les modèles agricoles pour stocker davantage de biomasse dans les sols. Ce qui augmente la sécurité alimentaire tout en piégeant du carbone.
« Une terre dégradée, c’est une vie dégradée. »
Patrice Burger – Fondateur du CARI
Un point important est que la dégradation des sols impacte un grand nombre des Objectifs du Développement Durable. Aussi bien au niveau de la biodiversité, avec les organismes vivant qui y sont présents. Qu’au niveau du climat, leur place dans le cycle du carbone étant primordiale. Ou au niveau du développement humain puisque que ces écosystèmes filtrent l’eau et permettent de produire des fibres. Aujourd’hui encore, une majorité d’être humains dépend dans le monde du bon état des ressources naturelles pour son accès à la nourriture, son économie et sa sécurité.
Les Organisateurs
Forte de son expérience, Climate Chance participera donc à l’organisation d’un nouveau rendez-vous favorisant les partenariats entre acteurs (partenariats Nord-Sud notamment), le partage de bonnes pratiques et les propositions communes en vue de la COP.
Le CARI est une association de solidarité internationale créée en 1998 qui lutte contre la désertification et la dégradation des terres en zones arides. Elle agit auprès des populations rurales du pourtour saharien mais également en France. Par exemple à Montpellier où elle soutient l’agro écologie et la transition de nos modèles agricoles.
L’association CARI a également été pionnière sur la sauvegarde des écosystèmes particuliers que sont les Oasis. Par leurs aspects naturels, économiques ou sociaux, les oasis sont en péril. A cause de l’exode rural, de l’appauvrissement des populations et des difficultés générales de mobilités depuis les centres urbains. L’initiative Oasis Durables portées par le CARI sera donc présente à Strasbourg.
Pourquoi Strasbourg ?
Le Maire de Strasbourg, nous a indiqué avoir donner son accord sans hésitation lorsqu’il a été approché il y a quelques semaines. L’occasion pour lui d’apporter son soutien à une question moins abordée, mais pourtant vitale, et surtout étroitement liée aux autres questions environnementales. Roland Ries a soulignésa volonté de maintenir Strasbourg en première ligne des questions de durabilité, notamment en tant que ville candidate au prix European Green Capital.
Il a cité en exemple la mobilité durable, qui est une priorité depuis le mandat de Catherine Trautmann dont il a été adjoint, et le développement des agroquartiers et des circuits courts. La ville accueillera en tout cas une programmation parallèle à l’événement avec des manifestations dans la ville qui mettront en avant ces quartiers, ou par exemple la politique zéro phyto et les abeilles.
« Ce moment, inédit, de partage des expériences doit être conçu comme un moment stimulant. Un acte collectif et concret pour refuser la fatalité climatique »
Roland Ries, maire de Strasbourg
Un événement sur le modèle Climate Chance
Désertif’actions 2017 reprendra les éléments qui ont fait le succès du sommet Climate Chance de Nantes en 2016. Une plénière animée par les représentants des organisations participantes viendra ouvrir l’événement et des ateliers thématiques traiteront des grandes questions du sujet. Les liens entre conventions climat et désertification seront bien-sûr importants. Les convergences sur les questions de financement devraient être abordées longuement.
Les partenaires marocains du prochain Climate Chance à Agadir seront présents et associés aux échanges. Des connexions devraient également être tracés avec les questions de migration qui seront au centre du prochain Global Forum on Migration and Development organisé du 28 Juin au 1er Juillet à Berlin. Une déclaration devrait être produite à l’issue du sommet et ensuite portée en Chine pour aider à la prise de conscience et mettre en avant les engagements des acteurs non étatiques. Le pré-programme de Désertif’Actions 2017 est en tout cas déjà disponible ici.
Désertif’Actions 2017 sera gratuit pour les participants et l’organisation sera attentive à ce que les acteurs du Sud puissent être présents. Des aides et financements sont ainsi à l’étude. L’inscription à l’avance sur le site du sommet sera en tout cas nécessaire.
Un concours de dessins
Nous avons enfin été informés qu’un concours international de dessins de presse est lancé à l’occasion de ce Désertif’Actions 2017. Son thème est « Dégradation des terres et climat : l’Europe et le monde face aux ultimes frontières ? ».
Invitant les participants à résumer les enjeux de la désertification et dégradation des sols, ce concours verra le lauréat invité à Strasbourg. Une exposition des contributions sera également organisée pendant le sommet, une trentaine d’entre eux devant également faire le voyage en Chine. Si possible, un fascicule sera édité pour reprendre l’ensemble des dessins soumis et sensibiliser aux questions de dégradation des sols. Pour le règlement, c’est ici !
A vos agendas
Nous vous invitons donc à suivre les informations sur ce futur événement, notamment en utilisant le hashtag #DesertifActions sur les réseaux sociaux. Place to B en tout cas gardera un œil dessus !