Relever des défis ambitieux
La finance climat a quatre principaux défis à résoudre, et pas des moindres !, estime Pierre Forestier, responsable de la division changement climatique à l’Agence Française du Développement (AFD).
Elle doit d’abord permettre de lutter contre les effets du changement climatique, en accompagnant les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, déjà affectés. Elle vise aussi à accompagner et déployer de nouvelles politiques, plus bénéfiques au climat.
Pour être efficace, cette finance climat devra rediriger davantage d’investissements publics et privés, alors même qu’il n’existe pas de malus pour inciter à faire un choix plus écologique. Et surtout, elle devra être à la hauteur : « il faut faire ça vite et à l’échelle », conclut Pierre Forestier. Agissons dès maintenant, d’autant que les effets du changement climatique sont déjà visibles.
S’engager pour plus de transparence
Séverin Fischer, responsable environnement et comptabilité extra-financière de BNP Paribas, explique qu’à l’approche de la COP21, les banques sont particulièrement attendues au tournant. Elles doivent « montrer ce qu’elles financent et comment elles réorientent leurs capitaux vers une économie plus verte. »
Séverin Fischer rappelle que sa banque s’est engagée à mesurer et publier l’empreinte carbone des fonds qu’elle gère pour le compte de tiers, dans le cadre de l’initiative Montreal Carbon Pledge, encore trop peu suivie par les « poids lourds » du secteur…
Il se doute que cela demandera un effort considérable et qu’il n’y aura pas de publication exhaustive dans l’immédiat, mais il affirme que tout est fait pour intégrer les enjeux environnementaux client par client (grosses entreprises, PME…). On attend les résultats !
Promouvoir une agriculture durable
Pour Philippe Leroux, directeur général de la Fondation Avril, les fondations ont aussi leur rôle à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique, notamment en influençant les valeurs de leur groupe.
Reconnue d’utilité publique et dotée de fonds stables, la Fondation Avril intervient auprès du monde rural et agricole. Elle a à cœur de promouvoir une agriculture durable et raisonnée, d’être en lien avec les producteurs agricoles et d’ancrer la politique du groupe dans une responsabilité sociétale des entreprises exigeante.
Cela se traduit par une triple action: dynamiser le monde rural, en France et dans les pays du Sud ; préserver la biodiversité et lutter contre le réchauffement climatique, en soutenant par exemple un projet d’économie circulaire au Burkina, où des biodigesteurs luttent contre la déforestation ; ou encore promouvoir l’agriculture « stable et durable » en aidant des épiceries solidaires.
Les citoyens, vecteurs de changement
Renaud Bettin défend, lui, le financement des intermédiaires, comme le Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarités (GERES) et ses homologues, pour transformer les économies locales, face à des familles qui n’ont parfois que 100 dollars par mois (par an !) pour vivre.
Mais pour le responsable de la solidarité climatique du GERES, le changement viendra aussi des citoyens eux-mêmes. Ils « sont LE mécanisme innovant pour le climat », affirme-t-il. En France, ils changent déjà les choses, en adhérant à des projets comme ceux d’Enercoop (énergie), de Bleu Blanc Cœur (consommation) ou du Crédit Coopératif (banque).
Bientôt accrédité pour « bénéficier des milliards et les déployer en centaines de dollars sur le terrain », le GERES espère que l’argent « racontera des histoires et sera palpable » et que la solidarité climatique trouvera tout son sens à l’approche de la Conférence de Paris.
Retrouvez ici toutes les vidéos de Mediatico sur ce sujet, en partenariat avec L’Express et Place To B